La médecine Chinoise ne vous veut pas du bien…
mais du vivant !
Bien être, mieux être, confort, ces expressions, croisées aux fils des consultations, révèlent d’un état d’esprit qui ne correspondent pas à la philosophie propre à la Médecine Traditionnelle Chinoise (MTC).
Ces expressions sont souvent le signe d’un refus d’une certaine réalité, d’une volonté de changements sans modifier quoique que soit. Je veux travailler, quitter à un certain état qui me met dans une instabilité (divers maux physiques et psychiques) mais sans que cela génère le moindre inconfort, la moindre remise en question. La MTC nous propose un autre chemin…
Il ne va pas s’agir de souffrir pour souffrir, d’accepter la douleur comme un chemin de pénitence rédempteur. Il va s’agir de mettre de la lumière sur une zone d’ombre, sortir de la caverne pour voir ce qui se joue vraiment en moi. Pour cela, le corps et ses énergies associées constituent une magnifique cartographie. Car contrairement à ce que l’on pense parfois « le corps ne ment jamais ».
Le corps ressent, vit, enregistre les évènements traversés puis le mental interprète selon son point de vue. L’expérience se marque dans le corps, énergétiquement d’un premier temps puis physiquement. Nous sommes alors dans le concret, dans la matière, dans la Terre. La MTC est un art qui de part son histoire et sa genèse, est extrêmement pragmatique et concret. La MTC va être au service du vivant, de la Vie dans point vu global, ce qui ne va pas forcément être en adéquation avec ce que « pense » la personne. Le but va être de remettre en circulation les flux vitaux (sanguins, lymphatiques, nerveux , énergétiques). Selon le point de vue de la MTC, la maladie (physique ou psychique) signe un déséquilibre, une stagnation de ces flux. La libre circulation n’est plus permise correctement pour diverses raisons. Le « mal » s’installe, la douleur arrive et se manifeste. Si le mal est là , je vais vouloir contrebalancer avec le « bien ». Si j’ai mal, je veux aller mieux, je veux du bien , c’est là que la confusion peut s’installer.
Nous allons revenir sur deux points fondamentaux. Premièrement la définition de bien et de mal. Dans notre société, cette notion de bien(Tob)/mal(Ra’) renvoie inconsciemment à une certaine tradition judéo-chrétienne : le mal originel, la sortie du jardin d’Eden etc… Annick de Souzennelle*, indique que étymologiquement le mot Ra’ fut traduit par mal et que le terme Tob, fut traduit par le terme bien. Selon, elle ces deux termes devraient être traduits par « inaccompli » et « accompli ». Ce détour nous éclaire grandement, nous fait sortir du jugement de valeur. Il y aurait donc des situations inaccomplies, en cours d’ajustement, et des situations accomplis, ajustées.
Deuxièmement, selon la MTC, la maladie est une phase d’ajustement, d’expression afin de rétablir un équilibre rompu. Il n’y a rien de mal à ça. Notre corps possède un état d’équilibre qui, quand il est perturbé, va « utiliser » la maladie comme un vecteur d’expression. Ces manifestations vont permettre de mettre en œuvre les modifications nécessaires. Dans cette optique la maladie devient la conséquence d’un déséquilibre initial et non pas la cause. Si maladie, souffrance ou tension sont présentes, c’est qu’il y a quelque chose en amont qui a ouvert la porte à celles-ci. L’objectif ne va pas de seulement faire taire la manifestation mais d’aller au-delà pour que la manifestation n’est plus besoin de se faire entendre. « Fermer la porte et la manifestation passera par la fenêtre »*
Que faut-il comprendre de tout cela ? Quand je me sens « mal », je suis dans une phase de réajustement. Le corps se manifeste, se défend et envoie une information. Je tends donc vers « l’accompli », le bien. Puis, le symptôme va bien au-delà de sa simple manifestation. Il signe une stagnation, la vie ne circule plus librement, je lui mets des obstacles conscients ou inconscients. Cela signe que certaines choses dans ma vie ne sont pas ajustées et qu’il va falloir travailler dessus. Et c’est là que le bas blesse…
Non seulement je me sens « mal » mais en plus je vais devoir agir pour que cela puisse disparaître. De part les techniques propres à la MTC ou le Shiatsu que je pratique, la remise en circulation des flux vitaux (de la Vie) vont amener le corps à prendre ou à reprendre un comportement plus ajusté. Ce rééquilibrage peut entraîner certaines manifestations qualifiées de désagréables : grippe, diarrhée, courbatures, cauchemars… Le corps évacue, se nettoie sans se soucier que cela fasse du bien ! Car il tend vers l’accompli quelque soit le chemin plus ou moins agréable.
Au-delà du désagrément physique, l’apparition de la maladie peut signer, rappelons le, un comportement qui n’est plus adéquat : fuite dans le travail, peur du changement, excès de nourriture, manque de sommeil. Certains outils comme la Psycho-énergétique, mis en place par Michel Odoul, permettent une lecture basée sur le système d’analogie entre le fonctionnement physique et psychique en lien avec la MTC. Une certaine lecture, va mettre en lumière certains comportements qui peuvent être pathogènes. Quand ces comportements sont inconscients, ou bien ancrés dans des habitudes, cette mise en lumière va parfois être « douloureuse ». Non pas parce-que les changements sont difficiles mais parce-que je refuse de voir ce qui est là…
En résumé la MTC ne vous veut pas du bien mais veut du vivant pour nous. La maladie ou souffrance signent que la vie ne circule plus correctement. Cela crée un inconfort, mais par là le corps est dans une recherche de solution. Le Shiatsu en lien avec la MTC , va accompagner ses manifestations . L’objectif n’est pas de faire du bien mais d’accompagner un chemin de croissance qui peut parfois être inconfortable voir même douloureux… La douleur (le ressenti) est inévitable, la souffrance (le refus, la stagnation) est inutile. La MTC et le Shiatsu, font circuler les flux vitaux, accompagnent la vie qui se manifeste en nous, en nous ancrant dans le réel par le biais de notre corps.
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